Dans leur regard : l’avis de la rédac’ sur la saison 1

Dans leur regard est une série Netflix créée par Ava DuVernay. La première saison, mise en ligne le 30 mai 2019 comporte 4 épisodes d’une heure à une heure et demie chacun. Celle-ci raconte l’histoire vraie de cinq pré-adolescents, Kevin (Asante Blackk et Justin Cunningham), Antron (Caleel Harris et Jovan Adepo), Yusef (Ethan Herisse et Chris Chalk), Korey (Jharrel Jerome) et Raymond (Marquis Rodriguez et Freddy Miyares) accusés d’avoir agressé et violé une femme le 19 avril 1989 en pleine nuit à Central Park (New-York). Très rapidement, nous comprenons que les cinq jeunes hommes sont innocents, mais la justice va s’acharner sur eux pour les faire condamner. Après le visionnage de Dans leur regard, qu’a pensé la rédac’ de sa saison 1 ?

**Attention, cet article peut contenir des spoilers !**

Dans leur regard : l'avis de la rédac' sur la saison 1
Episode 2 : « Partie 2 »
  • Une série poignante

Ce qui est sûr, c’est que cette série d’Ava DuVernay ne va pas vous faire rire. Ni sourire, d’ailleurs. C’est un show poignant qui nous est proposé sur Netflix et dès le début, nous comprenons qu’il s’agit d’évènements graves qui vont être présentés. Il n’y a qu’à voir les couleurs, qui resteront dans les tons grisés et fades pendant les quatre épisodes qui composent cette saison 1 de Dans leur regard. Les premières minutes donnent le ton lorsque ce groupe de pré-adolescents va à Central Park pour trainer et qu’ils se retrouvent confrontés à la violence policière. Ce premier épisode nous donne un sentiment de dégoût profond envers la police New-Yorkaise mais également un sentiment de colère. On peut diviser la saison en deux : tout d’abord, les deux premiers épisodes avec le crime, les arrestations, les interrogatoires et le procès. Ensuite, les deux derniers épisodes lorsque les protagonistes grandissent et qu’ils sont confrontés au monde pendant et après la prison. La réinsertion dans la société après avoir passé plusieurs années derrière les barreaux pour un viol qu’ils n’ont même pas commis. Ces deux parties de l’histoire nous plongent dans des sentiments semblables alors qu’elles traitent de sujets relativement différents. Si la créatrice de la série n’a pas souhaité faire de cette série une histoire de racisme pure et dure – bien que l’idée fut mentionnée par un des avocats dans le deuxième épisode -, nous sentons très bien l’accent que met la police à vouloir que ces cinq jeunes hommes soient les coupables. Linda Fairstein (Felicity Huffman), chargée de l’enquête en 1989 dira très clairement aux policiers : « Chaque jeune homme noir présents dans le parc ce soir est un suspect (…) » Pourquoi ce besoin de préciser la couleur de peau ? Comme si celle-ci était liée à l’éventualité d’être un suspect ? Si vous êtes sensibles, nous ne vous conseillons pas de regarder les quatre épisodes d’une traite et de respirer entre chaque épisode, car la manière dont l’histoire se déroule n’est pas facile à digérer. Et le pire, c’est que tous les évènements racontés dans Dans leur regard est vrai… même la déclaration de Donald Trump quelques jours après l’arrestation des garçons, demandant à ce qu’ils soient condamnés à mort. Des enfants de 14, 15 et 16 ans. Bien entendu, l’excellent jeu des acteurs et la réalisation ont grandement aidé à rendre l’atmosphère de la série lourde et poignante pour les spectateurs.

Dans leur regard : l'avis de la rédac' sur la saison 1
Episode 2 : « Partie 2 »
  • Une critique du système judiciaire aux Etats-Unis

Ce qui choque le plus dans ces quatre épisodes, c’est bien entendu le système judiciaire américain. Bien qu’il soit difficile de dire que c’est le système dans son entièreté qui est critiqué, tout ce qui s’est passé dans cette affaire est aberrant. Tout d’abord, la manière dont les inspecteurs de police ont interrogé ces enfants : ils leur ont menti pour obtenir des aveux, leur ont demandé de mentir en leur faisant croire qu’ils pourraient ensuite rentrer chez eux, ont empêché leurs parents d’assister à l’interrogatoire et leur ont fait signer des aveux sans même que leurs parents soient présents. La violence physique était elle aussi très difficile à regarder et on peut facilement se mettre dans la peau de ses adolescents qui ont naïvement cru la police. La cerise sur le gâteau fut probablement comment Korey, qui n’était au début même pas dans le collimateur de la police, a fini par se faire arrêter juste parce qu’il voulait accompagner son ami Yusef au poste pour ne pas le laisser seul. Le plus choquant arrive dans le deuxième épisode quand l’avocate de la défense, Elizabeth Lederer (Vera Farmiga) dit à Linda Faristein que les 5 accusés ne devraient pas être arrêté, car ils n’ont visiblement aucune preuve contre eux et que l’inspectrice lui dit qu’il faut un coupable malgré tout. Linda Faristein et Elizabeth Lederer savaient qu’ils étaient innocents et les ont laissé partir en prison pour rien. Malgré l’incohérence de leurs aveux et l’absence de preuve contre eux, Kevin, Antron, Yusef, Korey et Raymond sont reconnus coupables à la fin du deuxième épisode. Et même après le procès, l’enfer continue, surtout pour Korey qui est envoyé non pas dans une prison pour enfants, comme pour les autres, mais dans une prison avec d’autres adultes. L’épisode consacré à son incarcération (le quatrième) nous a, il faut bien le reconnaître, fait verser quelques larmes. Heureusement, la série nous montre que toutes les personnes travaillant pour la justice n’est pas mauvaise et on ressent un peu de soulagement quand Korey croise la route du surveillant Roberts (Logan Marshall-Green) qui le prendra sous son aile et lui donnera un peu répit.

Dans leur regard : l'avis de la rédac' sur la saison 1
Episode 4 : « Partie 4 »
  • Un titre qui n’a pas été choisi au hasard

Le choix du titre, Dans leur regard (When they see us en version originale) n’est pas choisi au hasard et est même plutôt bien choisi. Celui-ci dénonce plusieurs problèmes dans la société qui sont très bien montrées pendant les quatre épisodes de la saison. Tout d’abord, dans le premier épisode quand le père d’Antron fait la morale à son fils qui lui raconte avoir échappé aux policiers dans la nuit à Central Park. Son père lui dit très exactement : « Tron, on en a déjà parlé mec ! Tu vaux mieux que ça ! Je t’ai pas élevé comme ça. » Cette réflexion fait directement écho à une conversation que les afro-américains doivent systématiquement avoir avec leurs enfants et que nous avons déjà vu dans des séries comme Grey’s Anatomy avec Bailey (Chandra Wilson) et son fils : comment ils doivent se comporter avec la police (pas de mouvement brusque, ne pas s’enfuir face à eux, lever les mains pour montrer qu’ils ne sont pas armés). Une triste réalité dans une Amérique encore beaucoup trop raciste. Le titre en VO, « When they see us » fait alors écho à la réaction que la police a lorsqu’elle croise une personne de couleur noire. Il fait aussi écho à la manière dont les ex-détenus sont vus dans la société lorsqu’ils sortent de prison. Lorsqu’on explique à Raymond dans le troisième épisode les cases qu’il doit et ne doit pas cocher sur un formulaire de demande d’emploi démontre à quel point la société peut se montrer dure envers des ex-détenus et cette réalité rend la situation encore plus horrible quand quelqu’un sort de prison pour un crime qu’il n’a en réalité pas commis. Mais il n’y a pas que les cinq protagonistes qui ont été soumis au jugement des autres, aux regards des autres : leur famille aussi. On comprend alors qu’une condamnation pour un crime aussi grave peut briser une famille entière.

Pour finir, nous vous conseillons très fortement Dans leur regard. Avec de très bons acteurs, un bon scénario et une réalisation impeccable, vous découvrirez l’enfer qu’a vécu « les Cinq de Central Park » de 1989 jusqu’en 2002, lorsqu’ils ont enfin été innocenté suite aux aveux du réel coupable. Cette série poignante mérite de loin notre note de 5/5.

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