Love & Anarchy : l’avis de la rédac’ sur la saison 1 !

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SPOILERS ALERT :
Cet article contient des éléments importants de l'intrigue.

Love & Anarchy est une série suédoise réalisée par Lisa Langseth (Euphoria) et sortie sur Netflix en novembre 2020. Elle met en scène Sofie (Ida Engvoll), une super-maman parfaite en tout point ou presque, qui vient relever une maison d’édition au bord du gouffre. En tant que consultante, elle fait la rencontre de Max (Björn Mosten) un jeune informaticien. Un jeu va s’installer entre les deux collèges entre défis et idylle naissante. Le point central de la série est révélé dans son titre : il s’agit d’amour mais surtout d’anarchie, et des normes sociétales que nous ferions mieux de laisser tomber. Alors, pari tenu ? La rédaction vous donne son avis.

Attention, présence de spoilers pour la saison 1.

  • Un début chaotique
Sofie et son père.

Le concept de chaos est omniprésent dans la série. En effet, la relation de Sofie et Max ne commence pas réellement du bon pied. Sofie n’a que très peu de choses pour échapper à son quotidien un brin trop parfait et cadré. Elle se réfugie parfois dans sa salle de bain pour se masturber avec des écouteurs, mais elle est souvent dérangée d’une façon ou d’une autre. Alors, pour faire redescendre la pression, elle décide de sauter le pas au bureau, une fois sûre d’être la dernière à partir. C’est sans compter Max qui revient sans prévenir et qui la prend en photo… l’informaticien va l’utiliser dès le lendemain pour tourmenter la consultante. On imagine tout de suite une relation malsaine, teintée de voyeurisme et de chantage. On pourrait y lire également une amourette de bureau toxique, où une quadragénaire profite de son cadet qui a la moitié de son âge. En réalité, le côté malsain s’efface bien vite. La seule chose que demande Max, c’est que Sofie lui paye un fast food avant d’effacer la photo. À vrai dire, c’est Sofie qui en redemande en lui donnant directement son rouge à lèvres préféré. Elle lui propose de lui lancer un défi afin qu’elle le récupère et un jeu se tisse entre les deux collègues. Ils se renvoient la balle – ou plutôt le rouge à lèvres – dans des défis un peu fous mais inoffensifs, presque à la manière de Dash & Lily, que la rédaction vous a déjà conseillé pour la période de Noël. Le chaos est ici présenté, non pas comme quelque chose de mauvais, mais destructeur dans le sens de libérateur. Ce n’est pas la raison ou les codes qui unifient Max et Sofie mais un chaos, une attirance inexplicable et illogique qui aura des répercussions sur tout leur entourage.

  • Une seconde jeunesse
Sofie au bureau.

Dans Love & Anarchy, il est bien sûr question d’amour mais également d’anarchie, de révolution. Ce sentiment, souvent relié à la rébellion des jeunes générations et aussi soutenu par le personnage du père de Sofie, un anti-capitaliste dans l’âme. La relation entre le père et la fille est très compliquée, en particulier à cause de la santé mentale de celui-ci. Sofie, qui n’a pas l’habitude d’afficher sa vulnérabilité, reproche à son père ses troubles qui ont commencé pendant son enfance. Elle a énormément de mal à voir son père vieillir et reste impuissante devant sa santé mentale qui se dégrade de jour en jour. Il est plus difficile encore de voir cette évolution quand sa propre fille ressemble à son grand-père de plus en plus. C’est quand tout lui échappe qu’apparaît Max et au lieu de l’enfoncer, au contraire, il lui offre une certaine spontanéité et une jeunesse qu’elle avait enfoui au plus profond d’elle. Avec les défis de Max, Sofie se surprend à se remémorer d’anciens souvenirs d’adolescente où elle rêvait d’être autrice, elle aussi. Son livre, intitulé Love & Anarchy comme la série, était une ode à la rébellion et au développement personnel où une jeune fille découvre qu’elle est en réalité une rose. Au fur et à mesure de l’histoire, celle-ci deviendra une forêt. Cet accomplissement personnel n’est pas possible sans que l’héroïne ne se remette en question.

L’introspection et le changement est une étape douloureuse néanmoins nécessaire par laquelle tous les personnages, principaux comme secondaires, passent. Au début de Love & Anarchy, le spectateur est projeté dans une institution poussiéreuse et presque archaïque : une maison d’édition ancienne qui n’avance pas avec son temps et qui menace de s’écrouler. C’est le choc des générations avec d’un côté les directeurs de publications, leurs vieux auteurs blancs qui envoient des dickpics à de jeunes autrices ; et de l’autre la jeunesse tournée vers le numérique et l’avenir. Chaque pilier de la série (la famille, le couple, la maison d’édition) est construit sur une structure qui avance à deux vitesses et qui se déchire de l’intérieur. Le monde du livre est présenté comme patriarcal et offrant peu de place à la diversité, de genre ou sexuelle. Le seul recours auquel pense le PDG de la maison est de signer avec le diable et vendre à StreamUs, une plateforme de streaming qui ressemble étrangement à Netflix. Cette décision a des répercussions sur la hiérarchie de la firme mais également sur le travail de Sofie et ses défis avec Max. La seule solution pour ne pas sombrer semble donc être le renouveau, en particulier féminin.

Dans ce sens Love & Anarchy s’inscrit dans une démarche presque matriarche, ou les femmes tirent les ficelles et ont toutes les clefs en mains même quand elles n’en ont pas conscience. Sofie est la mère modèle mais sous emprise de son mari, Johan (Johannes Bah Kunhke). Il est d’abord présenté comme le prince charmant, un brin ennuyant mais sans souci. Petit à petit, on découvre la pression qu’il exerce sur sa femme et ses enfants. Si aucune violence physique n’est montrée elle est avant tout psychologique. Rien ou presque n’est la décision de Sofie, sauf quand elle est avec Max où la relation est naturelle, mutuelle. Ronny (Björn Kjellman), le PDG de la maison d’édition, n’est finalement qu’un incapable qui se réfugie derrière Sofie et ses autres collègues féminins pour faire tourner la boutique. Ici, les femmes représentent le futur entre Sofie, la consultante chargée de redresser l’affaire, Denise (Gizem Erdogan) la chargée de communication progressive et Caroline (Carla Sehn), la secrétaire, qui malgré son poste au bas de l’échelle, finira dans un sens par sauver la maison toute entière. À part Max qui s’oppose à la masculinité des hommes de la série par sa fragilité et sa jeunesse ; ses homologues masculins sont finalement assez négatifs et montrés comme soit manipulateurs, soit impuissants. Le seul qui finit par s’en sortir est le doyen de la maison, Friedrich (Reine Brynolfsson) qui, après un dérapage complet, se remet en question. Il subit un très grand changement et accepte la modernité. C’est en se déconstruisant totalement qu’il avance.

  • Un pied de nez à la bienséance
Sofie et Max

En plus d’être une ode à la différence et à l’acceptation de nos défauts, Love & Anarchy prône l’amour, mais surtout l’amour de soi. Un amour guérisseur teinté d’un brin d’égoïsme. C’est un retour aux bases et au bonheur pur, un peu comme le concept d’Hygge, très populaire dans les pays nordiques européens. La relation de Max et Sofie n’obéit à aucune règle si ce n’est celle de la folie. Leurs défis, bien qu’innocents à la base (comme marcher à reculons ou se déguiser) deviennent plus crus au fur et à mesure. Pourtant, ils sont synonymes d’émancipation car relativement abstraits : « pimenter un repas » ou « se faire remarquer à la foire du livre » sont des ordres assez flous pour que les deux joueurs interprètent leurs gages comme bons leur semble. Alors que Sofie aurait pu être une victime de revenge porn au début de l’histoire, c’est elle qui se jette dans la gueule du loup, défi après défi. Elle mène finalement la danse en cédant à ses envies avec Max. C’est de leur propre chef qu’ils s’abandonnent et se retrouvent dans des situations folles, qui incluent de plus en plus de la nudité.

En se mettant à nu (métaphoriquement ou littéralement) Sofie comme Max se défont des rôles que leur imposent la société et leurs proches. La mère de Max est une femme aigrie et castratrice qui ne cesse de le rabaisser et de lui reprocher tous les maux du monde. Elle apporte une importance cruciale aux regards des autres et au qu’en-dira-t-on. Quand l’informaticien lui tient tête il repousse l’image de façade que sa mère a construit : la famille parfaite n’est qu’un filtre factice bien trop lourd à porter. Parallèlement, Johan, le mari de Sofie, est obsédé par l’avis et la validation d’autrui. Il est l’opposé de la tolérance et espère que sa famille rentre dans une case bien précise. Lorsqu’il voit que Sofie lui échappe il décide de faire déménager toute la famille à Londres, les déraciner, pour éloigner Sofie et leur fille du grand-père « fou ». Il envisage d’emmener Sofie chez un thérapeute de son choix à lui et de la forcer à s’arrêter de travailler « pour qu’elle se repose. » Finalement, la prise de conscience de Sofie s’opère lorsqu’elle parle à une amie : celle-ci lui explique qu’il est naturel de ce sentir mal parfois, même lorsque l’on a aucune raison apparente. Son secret ? Les antidépresseurs afin de ne plus rien ressentir. Joie ou peine, elle est totalement anesthésiée.

C’est cette idée de l’image publique et de la réputation qui se déroule tel un fil rouge tout le long de la saison. La maison d’édition, comme personnifiée, souffre elle-même de ce que l’on peut dire d’elle sur les réseaux sociaux. Comme ses héros, c’est lorsque l’enseigne se détache de ses obligations et qu’elle se recentre sur son art, la littérature, et qu’elle reprend consistance. Comme pour le couple principal, un avenir prometteur semble lui être promis.

Sofie, Max et le rouge à lèvre sur le balcon de la maison d'édition.

En conclusion, Love & Anarchy nous invite à suivre les traces de Sofie et Max, de laisser tomber le masque et de se détacher des attentes sociétales. Les héros n’en ont que faire des autres et ne cherchent pas à rationaliser leur histoire d’amour peu importe la logique, la raison ou encore les conséquences. Ils démontent que rien n’est un obstacle en soit, même pas une grande une différence d’âge. Si la série n’est pas encore renouvelée officiellement par Netflix la fin ouverte peu laisser entendre une potentielle saison 2. Le destin de Max et Sofie ne sera pour autant pas gâché si la série se conclut sur la scène finale. Ce goût d’inachevé s’aligne parfaitement avec la relation du couple : un océan de possibilités et une infinité de chemins à prendre. En clair, une véritable surprise. À la rédaction, on se demande encore si nous sommes une rose ou une forêt. On a sans doute encore un peu de chemin à parcourir.

Notre note :

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3 commentaires

larreta

le 7 janvier 2023 à 21h23

magnifique critique sauf que tout est faux
pour que cette critique soit vraiment appropriée encore aurait il fallu que cette série soit un peu plus originale
en effet tout est biaisé dé le départ avec un mari patriarcal au possibleet anti pathique
donc on ne peut que se ranger du coté de Sofie
pourquoi s’est elle mariée et a fait 2 enfants ?
et bien sur un beau jeune homme diplomé es cinni puisque c’est la mode
bref caricatural
prévisible
par contre les personnages secondaires sont moins prévisbles et assez intéressants

Maëva Catalano

le 16 octobre 2021 à 21h34

Lire ses articles

Merci énormément Denise !

denise richol

le 12 octobre 2021 à 13h07

Une grande finesse d’observation et d’analyse. La meilleure critique sur cette série.